S'ils n’avaient pas été si doués, mes parents, j’aurais grandi moi aussi dans le camp. J'aurais fait mes études dans une école humanitaire de l'UNRWA au lieu d'être la première de la famille à décrocher un doctorat.
La fierté dans les yeux de mes parents! Mes diplômes sont accrochés au mur de leur salon, à mon grand désarroi. Je ne leur dis rien. Je ne leur dis pas: «Mama, Baba, ici, on ne fait pas ça.»
Ici, on ne s'imagine pas ce que peut bien vouloir dire un diplôme pour une réfugiée.
L'éducation nous a affranchis de notre sort, du moins symboliquement et économiquement, sinon politiquement. Reste la leçon: On ne naît pas tous égaux.
Nous devions être premiers de classe pour échapper à la classe sociale, échapper à notre anéantissement dans les livres d'histoire, échapper à notre condition. Pour nous qualifier comme humains désirables aux yeux des sociétés riches comme le Canada.