Le prix à payer pour devenir humain est la mer qui recommence nos vies.
C'est pourquoi j’aime revenir à la mer, la mer qui donne vie et qui arrache aussi à la vie. J'aime l'idée selon laquelle mon histoire commence avec la mer. La mer de Gorée qui a à la fois grandi et avili mes ancêtres. J'aime dire que mon histoire est aussi bleue que l'océan quand il est bleu. Tout ce bleu infini me fascine. Cela me dit que mon devenir est aussi dans cette mer qui balaie tout, même les vents. Cela me dit que demain se joue dans un ordre chaotique, spectaculaire, imprévisible. Oui, les racistes n'ont jamais vu la mer. Voir la mer, c'est tenir entre ses mains la lumière, le feu de toutes les appartenances et de tous les possibles.
— Les racistes n'ont jamais vu la mer by Rodney Saint Éloi, Yara El-Ghadban (Page 91)