Combattre l'insécurité linguistique des Québécois
(Revue écrite en 2020.)
L'insécurité linguistique étant au premier rang de mon esprit depuis quelques années, j'avais très hâte de lire le livre d’Anne-Marie Beaudoin-Béguin, La langue rapaillée, paru en 2015. Je connaissais déjà le travail de Beaudoin-Bégin via sa page Facebook très informatrice de linguiste désacralisante, L'insolente linguiste. (Elle a aussi une chaîne YouTube, mais on dirait qu'elle est en pause des réseaux sociaux dernièrement…) Le livre me tentait, et j'avais l'impression que j'allais l'aimer. J'ai eu raison!
Qu'est-ce que c'est que l'insécurité linguistique? Selon Wim Remysen de l'Université de Sherbrooke: «L’insécurité linguistique [c’est] le sentiment de dépréciation et d’incertitude qu’éprouvent certains locuteurs envers leurs usages linguistiques.» (Source) Cette insécurité est considérée comme étant particulièrement néfaste pour les jeunes dans leur acheminement scolaire.
Composé d’essais de différentes longueurs (tendant vers le court) dont les arguments se suivent logiquement, le livre de Beaudoin-Béguin se prête bien …
(Revue écrite en 2020.)
L'insécurité linguistique étant au premier rang de mon esprit depuis quelques années, j'avais très hâte de lire le livre d’Anne-Marie Beaudoin-Béguin, La langue rapaillée, paru en 2015. Je connaissais déjà le travail de Beaudoin-Bégin via sa page Facebook très informatrice de linguiste désacralisante, L'insolente linguiste. (Elle a aussi une chaîne YouTube, mais on dirait qu'elle est en pause des réseaux sociaux dernièrement…) Le livre me tentait, et j'avais l'impression que j'allais l'aimer. J'ai eu raison!
Qu'est-ce que c'est que l'insécurité linguistique? Selon Wim Remysen de l'Université de Sherbrooke: «L’insécurité linguistique [c’est] le sentiment de dépréciation et d’incertitude qu’éprouvent certains locuteurs envers leurs usages linguistiques.» (Source) Cette insécurité est considérée comme étant particulièrement néfaste pour les jeunes dans leur acheminement scolaire.
Composé d’essais de différentes longueurs (tendant vers le court) dont les arguments se suivent logiquement, le livre de Beaudoin-Béguin se prête bien à de brèves lectures ponctuées par d'autres tâches, pour laisser toutes les informations reçues mijoter un peu. Ceux-ci essaient, et réussissent pour la plupart du temps très bien, de décortiquer les arguments contre la légitimité du français tel qu'il est parlé par toutes sortes de locutrices, locuteurs, et locuteurices à travers la province (le Québec étant la préoccupation du livre).
Je trouve que le livre se jumèle bien avec L'ortographe, un carcan? de Mario Périard, que j'ai lu au printemps. Les deux textes aident à démêler les raisons sociologiques, historiques, politiques, et même personnelles, derrière les forces structurelles cherchant à empêcher l'évolution et l'expérimentation dans la langue française. En bref (si je me permets de simplifier), il s'agit souvent d'une question d'insécurité profonde, que je caractériserais même de systémique, qui cause toutes sortes de complexes et une attitude défensive. Beaudoin-Bégin aborde en profondeur la question de la légitimité du registre familier, en passant par une explication de quelques termes linguistiques, notamment celui des normes prescriptives ou descriptives de la langue et du purisme linguistique. Ne craignez pas ce jargon de linguiste: le livre simplifie et donne de bons exemples pour illustrer chaque concept, et démontre comment ceux-ci influencent les conversations au sujet du «bon Français» et contribuent à l'insécurité ressentie d'un peuple envers sa propre langue.
Si l'insécurité linguistique vous préoccupe, ce livre est à découvrir!