Content warning Mort, pensionnats Autochtones
Il voudrait hurler plus fort que l'océan, cracher son dégoût, vomir sa honte pour la jeter à la face de ce monde de roche et de sel. Mais face à l'immensité sombre et mouvante de l'océan, sa gorge d'homme de la forêt et des montagnes reste nouée. Il hésite, puis, résigné, prend dans ses bras le corps qui gît sur le sol, vérifie une dernière fois qu'il est bien enveloppé dans l'épaisse couverture de laine qu'il a volée. Il aurait préféré un autre linceul, une peau de caribou ou, mieux, d'ours. Une fourrure chaude pour le protéger de la morsure du froid cruel qui règne en ces lieux, même si cela n'a plus vraiment d'importance. Il serre contre lui le corps déjà raide pour lui transmettre un peu de sa propre chaleur. Un peu de sa vie. Une dernière fois. Puis il descend dans la fosse, dépose avec soin le cadavre sur le sol gelé.
— Le vent en parle encore by Michel Jean (Page 11)