La Montagne de l'Âme, le roman qui a valu à Gao Xingjian sa notoriété et …
La montagne de l'âme
5 étoiles
L'auteur de La Montagne de l'âme se joue de nous, lecteurs, et nous lui en sommes gré.
Les chapitres se suivent et nous en perdons le fil. « Tu », « je », « elle », « il » se succèdent et nous n'avons pas le temps de monter une hypothèse, que soudain celle-ci s'effondre, ou plutôt, vient s'ajouter aux possibilités précédentes.
Vient un chapitre où le narrateur (un narrateur) vient même répondre à ta critique.
Dialogues, chansons, émanations poétiques, le narrateur (et l'auteur) semble à la recherche d'un temps perdu et en quête à la fois personnelle et ethnologique.
Il n'y a donc pas un seul récit mais toute une série de textes qui n'en forment qu'un et qui ne s'éloignent jamais vraiment de la montagne.
Pour avoir créé un signe de reconnaissance repris par une génération de résistants à une …
Plusieurs dessinateurs de bande dessinée que j'ai croisés dans ma vie m'ont parlé de ce piège dans lequel certains de leurs collègues tombent : celui de n'avoir jamais appris à crayonner d'après nature, mais uniquement dans les BD de leurs prédécesseurs. Leur style possède alors des atouts narratifs qui manqueront peut-être à d'autres artistes moins exposés à ce genre d'œuvres, mais il sera aussi dépourvu de ce petit côté réaliste, universel et cohérent dans les expressions et les placements des décors et des personnages.
Il en va de même pour les écrivains qui ne puisent du matériau que dans des fictions. Une certaine aisance dans leur façon de dépeindre leurs protagonistes - qui peut parfois confiner au cliché, avouons-le - ne compense pas leur absence d'humanité réelle.
La Montagne de l'Âme, le roman qui a valu à Gao Xingjian sa notoriété et …
Je lève la main pour m’assurer que j’existe, mais je ne vois rien. J’allume mon briquet et distingue mon bras dressé, comme s’il brandissait une torche. Mais la flamme s’éteint aussitôt, malgré l’absence de vent. L’obscurité qui m’entoure devient plus dense encore, sans limite aucune. Même la stridulation continuelle du grillon s’est tue. Mes oreilles sont remplies d’obscurité, une obscurité première. Si l’homme a instinctivement adoré le feu, c’est pour vaincre la peur intérieure qu’il nourrissait envers les ténèbres.
Avant que le coq chante réunit trois nouvelles, presque trois courts romans : Par chez …
Au milieu de la lecture
Aucune note
Avant que le coq chante est en fait un recueil de trois nouvelles (novellas, dirait-on outre-Atlantique, car ces trois histoires font chacune de 120 à 150 pages). La première, Par chez nous, fait le récit de deux hommes qui se sont connus en prison et, à leur sortie, vont travailler dans la ferme de l'un des deux. La langue est âpre, gouailleur, le récit angoissant fait craindre la violence qui surgira inéluctablement. Le traducteur, Nino Frank, notait dans sa préface comment Cesare Pavese avait voulu s'éloigner de la langue précieuse et pure de D'Annunzio. Le texte date de 1937.
La prison raconte ensuite l'espèce de dépression qui prend le héros, assigné à résidence dans un village maritime du sud de l'Italie, incapable d'aimer, incapable de s'aimer. La langue y est très différente, plus littéraire on peut imaginer que ce n'est pas seulement du fait du traducteur.
Reste à lire …
Avant que le coq chante est en fait un recueil de trois nouvelles (novellas, dirait-on outre-Atlantique, car ces trois histoires font chacune de 120 à 150 pages). La première, Par chez nous, fait le récit de deux hommes qui se sont connus en prison et, à leur sortie, vont travailler dans la ferme de l'un des deux. La langue est âpre, gouailleur, le récit angoissant fait craindre la violence qui surgira inéluctablement. Le traducteur, Nino Frank, notait dans sa préface comment Cesare Pavese avait voulu s'éloigner de la langue précieuse et pure de D'Annunzio. Le texte date de 1937.
La prison raconte ensuite l'espèce de dépression qui prend le héros, assigné à résidence dans un village maritime du sud de l'Italie, incapable d'aimer, incapable de s'aimer. La langue y est très différente, plus littéraire on peut imaginer que ce n'est pas seulement du fait du traducteur.
De retour chez lui, un employé sans histoire trouve son appartement occupé, sa femme évaporée …
Le Gaffeur
5 étoiles
Merci aux Éditions L'échappée de faire revivre des grands textes de fiction politique souvent oubliés dans leur formidable collection lampe-tempête. Absolument tous les livres de cette collection ont basculé dans ma liste de souhaits. Merci aussi pour le formidable travail de conception faisant en plus de ce roman un objet magnifique.
L'auteur, c'est Jean Malaquais, un juif polonais qui écrira pourtant en français après avoir quitté la Pologne pour la France, en 1925, alors qu'il n'avait que 17 ans. Il sera poussé vers l'écriture par André Gide et gagnera le prix Renaudot en 1939 pour son premier roman, Les Javanais, que j'ai bien l'intention de lire aussi.
Dans Le Gaffeur, il nous conte l'étrange histoire de Javelin, qui, dans une société dystopique, rentre un soir chez lui pour trouver l'appartement qu'il avait quitté le matin apparemment occupé depuis longtemps par des inconnus. Ne parvenant plus à joindre sa femme semblant …
Merci aux Éditions L'échappée de faire revivre des grands textes de fiction politique souvent oubliés dans leur formidable collection lampe-tempête. Absolument tous les livres de cette collection ont basculé dans ma liste de souhaits. Merci aussi pour le formidable travail de conception faisant en plus de ce roman un objet magnifique.
L'auteur, c'est Jean Malaquais, un juif polonais qui écrira pourtant en français après avoir quitté la Pologne pour la France, en 1925, alors qu'il n'avait que 17 ans. Il sera poussé vers l'écriture par André Gide et gagnera le prix Renaudot en 1939 pour son premier roman, Les Javanais, que j'ai bien l'intention de lire aussi.
Dans Le Gaffeur, il nous conte l'étrange histoire de Javelin, qui, dans une société dystopique, rentre un soir chez lui pour trouver l'appartement qu'il avait quitté le matin apparemment occupé depuis longtemps par des inconnus. Ne parvenant plus à joindre sa femme semblant inaccessible, son identité paraît peu à peu se dissoudre dans les rouages d'une administration absurde, décidée à le faire disparaître sans qu'il ne comprenne pourquoi.
Long plaidoyer contre le totalitarisme, le conformisme, pointant du doigt l'absurdité d'une bureaucratie aveugle et destructrice, ce roman est à la fois ironique et parfaitement terrifiant. La société qui y est dépeinte se fait de plus en plus écrasante, déterminée à faire taire les voix dissonantes, au fur et à mesure de la progression d'un récit qui penche petit à petit vers le drame. Tout y est gris, moche, oppressant. Au milieu de ce sinistre, seuls quelques personnages permettent de sortir de l'ombre.
Ode à l'anti-conformisme, Le Gaffeur est un récit révolutionnaire de part sa profonde modernité. Un juste miroir des angoisses contemporaines que l'on retrouve déjà impeccablement décrites et dénoncées.
La portée politique du texte est parfaitement mise en valeur par l'appareil critique propre à la collection, le texte de Geneviève Nakach, surtout, qui a soutenu une thèse sur Jean Malaquais, apporte un éclairage passionnant.
Quand un grand roman rencontre l'éditeur parfait pour le mettre en valeur...
La Montagne de l'Âme, le roman qui a valu à Gao Xingjian sa notoriété et …
– Quelle valeur scientifique le sauvetage des pandas revêt-il ?
– Ce n’est qu’un symbole, une consolation, l’homme a besoin de se tromper lui-même. D’une part, il sauve une espèce qui a perdu la capacité de survivre, et d’autre part, il accélère la destruction de l’environnement qui lui permet de subsister. Regarde les deux rives de la Minjiang, les forêts y ont toutes été abattues et le fleuve lui-même n’est plus qu’une coulée de boue noire. Et ne parlons pas du Yangzi. Et ils veulent en plus construire un lac artificiel en le barrant au niveau des Trois Gorges !
La Montagne de l'Âme, le roman qui a valu à Gao Xingjian sa notoriété et …
Ici, pour conduire une bicyclette, il faut avoir des talents d’équilibriste pour, un gros sac accroché sur la selle, se faufiler à travers les passants, les palanches, les charrettes à bras, les étals des magasins. Difficile d’éviter les jurons, mais dans ce charivari de rires, de cris des commerçants vantant leurs produits et des clients marchandant, ils paraissent pleins de vie.
Elle a dit, c'est génial finalement, considère qu'on est les deux filles d'une seule et …
La fille parfaite
5 étoiles
Du vide laissé par la soudaine disparition naît le questionnement. Il est ici question de deuil, de littérature, de mathématiques ; l'avenir étant désormais entre les mains de ces dernières, la littérature n'étant plus que le fantôme d'elle-même. Ou alors, comme l'écrit l'autrice, le livre en sortira vainqueur parce que lui seul sait raconter. Il est ici question d'amitié, de rivalité, de ce qui nous retient en vie et de ce que l'autre emporte comme secrets dans la tombe. Je resterai donc vague car c'est un livre qu'il n'est pas facile de résumer sans risque de le clôturer.
Elle a dit, c'est génial finalement, considère qu'on est les deux filles d'une seule et …
Primo, dans ma classe, il y avait trop de filles, des filles partout, des filles tout le temps. Avec leurs drames permanents, leurs dialogues maniaques, il m’a dit, je lui ai dit – pourquoi les filles restituent-elles les échanges avec un tel détail quand les garçons les résument ? – leurs allures de grappes sur les marches, les bancs dans la rue, leurs voix aiguës.